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Critique

Cousu nainRencontre avec l'Américain George Chesbro, créateur d'un tout petit détective dont la capacité à résoudre les énigmes est inversement proportionnelle à la taille. George Chesbro, l'Odeur froide de la pierre sacrée, Traduit de l'américain par Jean Esch, Rivages/Noir, 387 pp., 62 F.

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publié le 23 avril 1998 à 23h28

George Chesbro n'a pas l'imagination d'un Stephen King, la faconde

d'un Donald Westlake ou la noirceur d'un James Ellroy, mais son univers évoque ces maîtres du roman noir américain ­ fantastique, abracadabrant et tortueux. Mongo, son héros, est un nain. L'idée lui est venue il y a une vingtaine d'années: inventer un personnage humain «auquel les lecteurs s'attacheraient presque autant qu'à l'élucidation du mystère» et qui fût aussi «typé» qu'un Sam Spade ou une miss Marple. «Puisque je ne pouvais espérer créer un détective capable de se mesurer à ces géants, je donnai naissance à un détective unique en son genre: un nain.» Mongo, qui compense son déficit métrique par une intelligence démesurée, évolue dans un monde rocambolesque et nimbé de paranormal. «J'invente, et tant pis si on n'y croit pas.» Oui, mais le singe qui parle dans les Bêtes du Walhalla? Ou les pouvoirs magiques du frère de Mongo dans l'Odeur froide de la pierre sacrée? Au cours de cette aventure (qui date d'il y a quelques années: les traductions françaises retardent de sept ou huit épisodes), Mongo sauve son frangin Garth, devenu gourou mondial après une contamination chimique. Chesbro: «Peut-être que je bois trop.» En cette fin de matinée, il carbure au café et savoure ce premier voyage à Paris que lui permet son «boulot d'usine» («seuls ceux qui n'écrivent pas pensent que c'est romantique»). Chaque matin, dans son bureau new-yorkais, il s'y colle. «Si je me demande: "Suis-je inspiré aujourd'hui? Non, alo