Les dictionnaires ne sont pas faits pour qu'on les lise d'une

traite, ni les lecteurs pour ça, mais, que voulez-vous, parfois on se laisse prendre. Il est réputé que des goûts et des couleurs on ne dispute pas (de gustibus et coloribus non disputandum), pour les goûts, on ne sait pas, mais, pour les couleurs, c'est bien dommage car le livre de Colette Guillemard nous propose plus de deux mille mots de couleurs à se jeter à la tête, bien plus que le vocabulaire d'injures du capitaine Haddock, deux mille mots pour dire les sept couleurs de l'arc-en-ciel.

De A à Z, bien sûr, mais ce n'est pas si facile, avec les dictionnaires thématiques, de remplir certaines cases. «A», ça va, premier mot, «abricot», première citation, Victor Hugo: «Je viens de recevoir des gouttes de pluie sur mon chapeau, il est abricot, et c'est une couleur qui ne pardonne pas» (les Travailleurs de la mer), définition, étymologie, nouvelles citations (Colette, qui reviendra souvent, et Cayeux, horticulteur, catalogue 1997, qu'on reverra, des variantes, une anecdote sur les abricots qui portent malheur. Deuxième entrée: «absinthe (vert)» (qu'on ne s'inquiète pas, on ne va pas recopier tout le dictionnaire), même traitement, une citation des Lettres à son frère Théo de Vincent Van Gogh (véritable et heureux pensionnaire du livre, il y avouera connaître vingt-sept variétés de noir), des considérations sur le vert qui chagrine les superstitieux et, l'air de rien, un petit renseignement très précieux: «Il est inté