Budapest, de notre correspondante.
Jamais le mariage de la littérature et des cafés ne fut aussi heureux qu'à Budapest dans la première moitié du XXe siècle, comme en témoigne l'ouvrage les Cafés littéraires de Budapest, une anthologie de textes inédits, illustrés de photographies anciennes, signés par des plumes célèbres: Dezsö Kosztolanyi, Frigyes Karinthy, Gyula Krudy, Géza Csath" et illustrés par des photos d'époque. Au tournant du siècle, Budapest, en plein âge d'or, comptait quelque 600 cafés où prospéraient cercles littéraires et artistiques dans une folle effervescence. Le plus étonnant est que ces tous gens de plume, feuilletonistes et polémistes, vivaient là. En conséquence, «certains établissements offraient gracieusement aux écrivains et journalistes du papier spécial pour leurs manuscrits ["] et mettaient à disposition une encyclopédie en seize volumes, des dictionnaires allemands et français, des atlas. ["] On envoyait le plus jeune serveur au magasin du coin acheter un col ou une cravate. Au luxueux Café New York, on cirait vos chaussures et repassait vos vêtements», relate Jenö Heltai. Il fallait y être, parce que tout ce qui se passait sur cette terre advenait là, note Dezsö Kosztolanyi, rappelant que «la littérature hongroise s'est développée avec l'industrie du café. Ce sont dans les cafés qu'éclatent et s'apaisent les révolutions» et énonçant en une sorte de théorème: «Si la littérature faiblit, le café noir se fait moins fort.» Le nombre des kavéhaz (lit