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Critique

Assise par terre. Venu pour photographier les fresques de Giotto, Ghigo Roli a enregistré le tremblement de terre qui ébranla la basilique . Giorgio Bonsanti Assise. Les fresques de la basilique. Photographies de Ghigo Roli, traduit de l'italien par F. Valentini, éditions de La Martinière, 100 pp., 195 F.

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publié le 14 mai 1998 à 1h15

Voilà le grondement qui revient ("). Le tonnerre pénètre la

basilique en explosant. Celle-ci est soulevée, elle retombe, elle est percutée; l'échafaudage est secoué comme un jouet ("). Le plafond de la voûte est voilé par un nuage de poussière blanche et, à certains endroits, coulent encore les filets de sable. Le sol est couvert de poussière mais également saupoudré de rouge, de bleu, de vert ­ ce sont les couleurs des fresques, et j'ai envie de pleurer.»

C'est ainsi que le photographe Ghigo Roli raconte le tremblement de terre du 26 septembre 1997 qui a définitivement endommagé la basilique supérieure de Saint-François d'Assise. Il était chargé de procéder à une campagne photographique complète des cycles de fresques peints par Giotto, Cimabue et quelques-uns des grandes peintres de la fin du XIIIe siècle, lorsque, le 4 septembre déjà, une première secousse a ébranlé l'édifice. A partir de ce moment-là, les chauve- souris ont déserté l'église sans jamais y revenir. Quatre personnes trouveront la mort lors de la la chute d'une voûte.

On est tenté d'interpréter cette catastrophe comme une fable. Elle survient précisément vingt années après la parution du Musée imaginaire où André Malraux avait montré, en faisant la synthèse de ce que d'autres avaient avant lui suggéré, que l'invention de la photographie et son emploi généralisé ont transformé la destinée de l'oeuvre d'art: «" l'histoire de l'art, proclamait-il, depuis cent ans, dès qu'elle échappe aux spécialistes, est l'histoi