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Libération

De l'étranger. Allemagne, fin de la guerre des deux Pen.

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publié le 21 mai 1998 à 1h48

Bonn de notre correspondante

Les écrivains allemands auront mis huit ans pour rattraper ce que les hommes politiques avaient bouclé en un an. Huit ans après la réunification politique de l'Allemagne, le PEN-Ouest, association des écrivains de l'ouest du pays, vient seulement de décider, vendredi dernier à Munich, sa «réunification» avec le PEN-est, par 97 voix pour, 4 contre et 2 abstentions. En avril, le PEN de l'Est avait voté pour la fusion, qui sera effective au 1er juillet. Depuis 1989, l'impossible réunification des deux PEN allemands, séparés depuis 1951, avait tourné au psychodrame. Les écrivains de l'Ouest refusaient de frayer avec leurs collègues de l'Est, accusés de s'être compromis avec la dictature communiste. Le PEN-Est doit «faire le ménage» dans ses rangs et expulser ses membres qui ont collaboré avec la Stasi, la police politique de la RDA, exigeaient-ils, les plus virulents étant d'anciens dissidents de la RDA, passés à l'Ouest dans les années 70 ou 80. A chaque tentative de rapprochement, une vague d'écrivains quittaient le PEN-Ouest. Le célèbre critique littéraire Marcel Reich-Ranicki, Ingrid Bacher ou Lea Rosh ont ainsi claqué la porte du PEN-Ouest en décembre 1996, pour protester contre le rythme «trop rapide» du processus de réunification. Les écrivains de l'Ouest s'enferment dans une «attitude de vainqueurs», ils n'ont pas à se poser en juges moraux de leurs collègues de l'Est, rétorquaient les partisans de la fusion. «Les services de police politique