Voici quelques jours, une main confraternelle, malgré que
facétieuse, déposa sur mon bureau une page du supplément littéraire d'un quotidien matutinal, barrée sur toute sa largeur d'un résolu «J'aime les vrais héros». La proposition titrait l'interview délicatement déontologique que donnait jeudi dernier au Figaro le patron du Figaro, à l'occasion d'un nouveau roman qu'il vient de commettre. Pas bégueule, Franz-Olivier Giesbert s'y soumettait au feu de questions impitoyablement acérées et visiblement destinées à le déshabiller jusqu'au fond de l'âme telle celle-ci: «Etes-vous double? D'un côté, le personnage lumineux et, de l'autre, l'homme des ombres?» Toute flagornerie mise à part, le préposé à l'astiquage avait peut-être levé un lièvre, car c'est bien à une forme de schizophrénie du sieur Giesbert que m'a fait songer la lecture de son Sieur Dieu.
Son affaire se passe au mitan du XVIe siècle, à cheval sur les comtats de Provence et venaissin, où les armées inquisitoriales du pape Paul III et de François Ier pourchassent toutes les sortes d'hérésies que le lucre ecclésiastique attise. Sur fond de quatrième centenaire de l'édit de Nantes, le sujet est d'actualité commémorative, que René-Victor Pilhes, chez Plon, annonçait dès février avec le Christi. Plutôt qu'aux Cathares, Giesbert s'intéresse aux vaudois (1). Dans un apparat théologique flamboyant et tout à fait pittoresque, il y adjoint une histoire d'amour vache et les méfaits d'une sorte de serial killer, grand arracheu