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Enquête

L'aurore économique Anxiété des classes moyennes, refus de l'élite et autres penseurs distingués, les livres économiques «anti-pensée unique» se vendent comme des petits pains. Enquête.

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publié le 21 mai 1998 à 1h48

Certains éditeurs n'en reviennent pas. Ressortant leurs vieilles

grilles d'analyse, ils mettent le phénomène au compte «du poujadisme ou assimilé qui a toujours marché en France», «d'une prime à la démagogie» voire d'un «sous-marxisme de midinette»... Les succès des livres d'économie étiquetés «anti-pensée unique», en tout cas, se vendent comme des petits pains. Albert Jacquard (J'accuse l'économie triomphante, Calmann-Lévy, 1995) avait ouvert la voie avec un honnête score de 37 000 exemplaires. Puis est venue, en 1996, la «bombe» Viviane Forrester, un pamphlet absolu contre le système actuel, un cri venu des tripes d'une écrivain a priori très éloignée du débat économique: 300 000 exemplaires, des traductions en dix-huit langues dans autant de pays, une invitation aux rencontres très fermées de Davos. Depuis, le succès des livres «anti» ne se dément pas. L'ouvrage de Philippe Labarde et Bernard Maris Ah! Dieu! que la guerre économique est jolie! (1998), charge au vitriol contre les désastres de la compétition économique, est depuis plusieurs semaines dans le hit-parade publié par les hebdomadaires, et son éditeur Albin Michel affiche plus de 70 000 exemplaires vendus. De même, l'Imposture économique, du sociologue Emmanuel Todd (1997), «devrait dépasser les 50 000 exemplaires», affirme son éditeur, Gallimard. A l'inverse, celui qui incarne le mieux la pensée dominante, Alain Minc, est avec sa Mondialisation heureuse (Plon) loin des succès de librairie de ses précédents es