D'abord, il y a, sur la couverture, le portrait d'une femme aux yeux
très noirs et richement parée d'or et d'émeraude, semble-t-il: la reproduction d'une des peintures sur bois ornant les tombes antiques et sarcophages de l'oasis du Fayoum, en Haute-Egypte. Le titre la Première Epouse et le nom de l'auteur finissent de suggérer un autre roman historique par Françoise Chandernagor, haut fonctionnaire (1), férue de culture classique et auteur de ce best-seller, l'Allée du roi, que Nina Companeez adapta pour la télévision. On se prépare donc, par-delà les siècles, à une escapade dans une civilisation majestueusement méditerranéenne, une civilisation du harem; ouvrant le livre, on se découvre à Paris (France), à la fin du XXe siècle de notre ère: ce n'est pas Didon, reine de Carthage, qui récite en pleurant la perte d'Enée, non plus que Phèdre celle d'Hippolyte, Hermione celle de Pyrrhus, Pénélope celle d'Ulysse ni Médée celle de Jason; c'est une autre «orante», petite bourgeoise nantie déplorant la brisure d'un mariage de vingt-cinq ans. Entre les connotations de tragédie grecque suggérée et les aléas de l'amour conjugal revisités par la presse magazine féminine, le contraste est saisissant.
Catherine est à peu près cinquantenaire quand Francis, le père de ses quatre enfants dont elle savait depuis toujours les frasques extramaritales (car, sur le modèle Sartre-Beauvoir, ce couple est «libéré», comme il se disait alors), parjure brutalement son statut de «première épouse» en