«Anita Bryant, financez votre campagne antipédés en vendant le seul
livre qui en vaille la peine Scum Manifesto. Andy Warhol, proposez-le à toutes ces partouzes où vous vous rendez», recommandait Valerie Solanas en 1967. On ignore si Warhol le fit, mais il se retrouva le 3 juin 1968 avec quelques balles dans les poumons, le foie, la rate, l'estomac et l'oesophage, administrées par la même Solanas, unique membre de la Scum (Society for Cutting up Men), association pour dépecer les hommes, encore traduisible par «rebut» ou «salope».
Pour Solanas, dont on a perdu la trace en 1977, après l'avoir cru morte en 1974, l'homme est une femme ratée («le gène Y (mâle) n'est qu'un gène X (femelle) incomplet») qui instaure des relations d'oppression (sexe, argent, travail) pour ne pas être confronté à son imperfection. Dès que ce «Midas d'un genre spécial» qui «change en merde» tout ce qu'il touche sera exterminé (meurtres, camps), l'automation remplacera le travail, on arrêtera le vieillissement et (donc, selon Solanas) la mort. Cependant, même si l'on n'arrive pas à l'immortalité, se dit-elle, «pourquoi se reproduire? Qu'est-ce que cela peut bien nous faire ce qui arrivera quand nous serons morts? (") Le cours naturel des événements (") aboutira au contrôle total des femmes sur le monde. Il s'ensuit qu'elles cesseront de reproduire des hommes et pour finir elles cesseront de reproduire des femmes». A l'époque, on prenait ça pour de la provoc situationniste, d'autant que le texte semblai