«Rien de tel qu'un petit coup d'acid house pour se sentir comme à la
maison. Des filles rayonnantes viennent vous embrasser, des gars vous font la causette en vous tapant dans le dos. C'est comme si les barrières de la réserve et de la prétention s'abattaient soudain, afin de laisser exploser la danse et la vérité dans toute sa nudité au sens propre parfois.» (Gavin Hills, White Burger Danny) Vue de France, où la techno n'est pas beaucoup plus que le dernier style musical qui secoue les puces des enfants du rock vieillissants, il est difficile d'imaginer l'importance qu'elle a eue dans l'Angleterre de la fin des années 80. Durant l'été 1988, plus qu'un éphémère phénomène discographique, ce que les Britanniques désignaient encore sous l'appellation séminale d'acid house a pratiquement incarné la dernière utopie du XXe siècle. Un mode de vie communautaire, hédoniste et copieusement drogué, ultime rempart contre le triomphe du capitalisme ultralibéral du gouvernement Thatcher. Comme l'écrit la journaliste anglaise Sarah Champion, qui a réuni les nouvelles de ce recueil collectif: «Au cours d'une quelconque acid house party dans un champ nous avons tous eu la naïveté de croire comme nos parents dans les années 60 que les choses allaient changer, que les normes et les barrières sociales n'avaient plus cours.» Si le rêve d'une société plus solidaire n'a duré qu'un an ou deux, il en reste un petit héritage, et bien qu'elle ait perdu son innocence, «la culture dance est désorma