En juin 1996, Gallimard publiait la traduction d'un ouvrage de Peter
Handke, Un voyage hivernal vers le Danube, la Save, la Morava et la Drina, sous-titré dans l'édition originale «Justice pour la Serbie». Dès sa publication quelques mois auparavant dans le quotidien allemand Suddeutsche Zeitung, ce très long article, dans lequel l'écrivain autrichien accusait notamment les journalistes et intellectuels occidentaux d'avoir calomnié la Serbie, avait suscité une violente polémique (cf. Libération du 30 janvier 1996). Quelque temps après, persistant et signant, Peter Handke publiait un appendice à son premier texte, une sorte de «supplément d'été à son voyage d'hiver», resté inédit en français et dans lequel il comparait les combattants bosno-serbes aux Indiens d'Amérique.
Ces prises de position ont laissé pantois et désemparés nombre des lecteurs admiratifs de Peter Handke. Parmi eux, l'écrivain suisse Yves Laplace qui, aujourd'hui, tente d'y répondre dans Considérations salutaires sur le désastre de Srebenica. Une manière de journal écrit entre l'été 1996 et l'été 1997, où l'on trouvera aussi bien une réfutation serrée des arguments de Peter Handke qu'un récit de voyage à Sarajevo, l'évocation d'un procès de criminels de guerre au Tribunal international de La Haye, la description d'un tremblement de terre dans les Alpes ou des escapades historiques du côté de Voltaire. Ce n'est pas la première fois qu'Yves Laplace s'intéresse aux conflits qui ont ravagé l'ex-Yougoslavie. Dans l