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Libération
Critique

Le ton des cerises

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Rédigée quarante ans après les faits par un témoin et un acteur privilégié, une histoire de la Commune comme si vous y étiez.
publié le 4 juin 1998 à 5h02

« Oserai-je que j’écrirais que Vuillaume le blanquiste a restitué la Commune en écrivain. Mais pas n’importe lequel écrivain. Le vrai de vrai. Celui qui va au motif ­ comme Jack London, ou, mieux, Isaac Babel ­, et qui, en cela, rejoint le rebelle, à tu et à toi avec la rue.» Si, après une telle préface (signée Gérard Guegan), on attend beaucoup des Cahiers rouges, on est comblé.

Vuillaume y raconte l'épopée du peuple ouvrier de Paris. Et il commence par la fin, par la Semaine sanglante. Par ces jours du printemps de 1871, où proscrit, risquant sa vie à tous les coins de rue, il assiste à «l'effroyable spectacle du lendemain de la victoire (celle des Versaillais, ndlr). Rues défoncées, maisons écorchées" Pavés noirs ou rouges. Noirs de poudre, rouges de sang».

Partout la répression. Les pelotons d'exécution. On fait la chasse aux communards et aux sympathisants. Vuillaume sera arrêté, promis à l'exécution sommaire. Mais, ayant réussi à cacher qu'il est un des patrons du Père Duchesne, un des journaux les plus radicaux de la Commune, ayant fait croire qu'il est simple étudiant en médecine, il sera libéré par un sergent, lui même ancien carabin. Avant de raconter sa fuite, le communard revient sur le compte des morts de la revanche de Thiers et de la bourgeoisie sur les ouvriers. 6 000 victimes, annonce Maxime Du Camp, l'ami de Flaubert mais aussi du pouvoir. 17 000 avoue le général Appert. Peut-être 20 000, écrit Vuillaume au terme de pages superbes et terribles.

Rédigeant ce l