On dit au zinc, ou quand on veut chagriner un psychanalyste, que le
transfert tient désormais lieu de confession dans un monde désacralisé, à la nuance près que le prêtre ne coûte rien, agit plus vite, et pour un résultat aussi efficace. Ce rapprochement du divan et du confessionnal n'est pourtant pas pour déplaire à tout le monde, pas en tout cas à Denis Vasse, prêtre sans complexe et psychanalyste installé de longue date. Jésuite et lacanien, il joua même un certain rôle dans la phase terminale de l'Ecole freudienne de Paris (EFP), à la fin des années 70, quand il en fut nommé vice-président, en une ultime tentative de médiation dans la guerre qui entre-déchirait les diverses chapelles autour de l'héritage de Lacan. Denis Vasse devait y représenter un courant orthodoxe et néanmoins indisposé par le culte de la personnalité que vouait au Maître sa garde rapprochée, culte auquel le fondateur de l'Ecole n'était absolument pas récalcitrant. (Catholique et amie de Vasse), Françoise Dolto en personne avait osé manifester des craintes sur l'avenir du mouvement psychanalytique, plus porté, selon elle, à la parole partagée qu'aux diktats autocratiques. En réponse, Lacan avait stigmatisé ses «bondieuseries» obscurantistes. Après la dissolution de l'Ecole, Denis Vasse allait se consacrer, avec une égale sollicitude, à patients et fidèles, et écrire des essais où foi et inconscient font très bon ménage. Dernier en date: la Souffrance sans jouissance ou le martyre de l'amour. Thérèse