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Libération
Critique

Nil un, Nil autre. Le voyage de quatre dessinateurs de «l'Association» renvoie de l'Egypte une image peu diplomatique. Et Pierre Christin a sillonné le désert des Emirats.

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publié le 11 juin 1998 à 5h32

Exposé lors du dernier Festival de bande dessinée de Bastia, le

reportage effectué en Egypte par quatre dessinateurs de l'Association existe maintenant en album. Commandé par l'Afaa (Association française d'action artistique, organisme dépendant du ministère des Affaires étrangères) dans le cadre de l'année France-Egypte, ce travail collectif offre une image si peu diplomatique de l'Egypte que les services du Quai d'Orsay ont exigé (et obtenu) de l'Afaa qu'elle se désengage du projet. Passé le temps de la controverse, reste l'album: quatre journaux de voyage (encore que l'expression ne vale pas pour Golo, qui vit au Caire), et quatre regards très personnels, pas du tout «touristiques» ni consensuels, sur l'Egypte d'aujourd'hui. Paradoxalement, à travers des scènes de la vie quotidienne, c'est Golo qui en donne la vision la plus chaleureuse: sans doute parce que, vivant dans la mégalopole du Caire, il sait en apprécier tous les attraits et tous les recoins. Baudoin, en revanche, tombe de haut à Alexandrie. Méditerranéen du Nord (il vit à Nice), il découvre peu à peu la réalité derrière le mythe de la septième merveille du monde: pauvreté et saleté ­ «une ville en décomposition et pourtant, la vie grouille» ­, les femmes voilées, invisibles, et surtout l'«horreur» de l'excision (qui concerne 97% de la population féminine du pays). «Pourquoi mes yeux ne savent pas voir la beauté sans voir aussi la merde?», s'interroge le dessinateur avec mélancolie. David B., de son côté, s'est