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Libération
Critique

Des vers dans la laitue

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Accélérations, décélérations, boucles scélérates, C. Tarkos secrète un premier recueil de textes en 3D où «les petits riens de la vie sont de petites billes qui sont dans l’air, qui sont par terre ».
publié le 18 juin 1998 à 3h49

Il paraît qu’en France on préfère la fiction à la poésie etpar ticulièrement à la poésie contemporaine. Celle-ci, à l’instar de la musique du même nom, serait décidément trop dure pour les pauvres cerveaux des lecteurs. Un récent digest universitaire, et pas le pire (1), entérine d’ailleurs cette idée, mettant en garde contre toute réduction de la jeune poésie «à ses formes les plus fragmentées ou éclatées (Fourcade [ »]) ou les plus elliptiques, les plus déconstruites (Cadiot [ »]) et les plus austères». Peut-être que si la poésie de la génération regroupée autour de la Revue de littérature générale chez P.O.L. (dans le numéro deux de laquelle Christophe Tarkos justement s’était signalé) a l’air si dure, c’est parce qu’elle résiste, parce qu’elle est réelle. Outre le fait qu’Olivier Cadiot signe un texte sur le dernier album de Bashung (pas notoirement réservé aux Q.I. supérieurs à 180), on ne voit pas trop non plus en quoi le monde de C. Tarkos serait prise de chou: «Je fais de la verdure, je fais de l’espace vert avec de la salade, avec des feuilles de salades »» On a donc envie de lever la main timide du dernier de la classe et de bredouiller: «Désolé, mais à moi, ça me parle, la salade.»

Parce qu’à la vie qui fait des grumeaux, aux objets qui sont obtus, il y a des réponses (des échos) dans Caisses, soixante-quatre «poèmes en prose» (pour les amateurs de solutions faciles dirait Breton) tout carrés, d’un seul bloc, un par page, parfois même d’