Autant le dire: si l'on a fait cette semaine le choix surprenant
d'évoquer l'exemplaire produit que constitue le Journal de Bridget Jones, c'est à cause et sur fond de Mondial de football. Parce qu'il apparaît assez rapidement, à seulement le parcourir, que ce livre est à la femme stéréotypée par les marchands ce que ce spectacle sportif est à l'homme stéréotypé par les marchands: un objet à consommer dans une passivité, et qui a à voir avec la littérature à peu près comme un pack de bière sur canapé avec la condition physique. L'ouvrage se serait vendu à «plus de 800 000 exemplaires en Angleterre», ce qui est beaucoup, et Salman Rushdie himself le qualifia, paraît-il, de «création comique de génie, dont même les hommes riront». Ce succès et cet avis suggéraient à eux seuls d'y aller voir avec toutefois la prudence instinctive que suscite toujours un jugement critique (1) invoquant le sexe pour identifier la, en l'occurrence, destinataire.
Pas de surprise. Le Journal de Bridget Jones se présente comme le journal d'une année de la vie d'une jeune femme célibataire, que rédigea Helen Fielding, une jeune femme célibataire, sous forme de chronique hebdomadaire et autobiographique (thème imposé: les déboires d'une jeune femme célibataire) pour le quotidien anglais The Independent. Aux dernières nouvelles, Helen Fielding, qui travailla pendant dix années à la BBC, prépare l'adaptation télévisée de son grand oeuvre, dont les droits, précise encore le prière d'insérer de l'éditeur f