Auteur de quelques thèmes majeurs de la musique populaire afro-américaine (The Revolution Will Not Be Televised, Winter In America, Johannesburg"), Gil Scott-Heron, fils d'une libraire et d'un footballeur professionnel jamaïcain (son père porta le maillot du Celtic de Glasgow), né à Chicago, Illinois, le 1er avril 1949, fanatique de littérature et pianiste de rock occasionnel, a effectué, dès 1970, des débuts phonographiques remarqués, grâce à l'album Small Talk At 125th And Lenox, adaptation musicale d'un livret de poésie qu'il venait de terminer. Et, même si ce disque évoque plus les oeuvres antérieures d'un Kenneth Rexroth ou d'un Lawrence Ferlinghetti que les futurs enregistrements d'Afrika Bambaataa ou de Spoonie Gee, tout le monde voit aujourd'hui en son signataire le législateur du rap.
C'est pourtant par défaut que Gil Scott-Heron s'est tourné vers la musique, lui qui, à l'origine, se rêvait en romancier. Ainsi choisissait-il, à 20 ans, d'interrompre ses études à la Lincoln University d'Oxford, Pennsylvanie, afin de rédiger, «chapitre par chapitre, comme s'il s'agissait d'une chanson», son premier ouvrage, The Vulture, publié en 1970 par une petite maison d'édition spécialisée dans l'érotisme bon marché: World Publishing Company. L'année suivante, il remettait son deuxième manuscrit: The Nigger Factory: «L'accueil critique a été plutôt bon, mais le grand public noir n'a pas suivi. Angela Davis était passée dans la clandestinité, les Panthers faisaient l'actualité et l