Les poèmes s’intitulent «les Nuits», «le Jardin», «la Maison», «les Lumières», «le Ciel», «les Fenêtres», «les Ombres». A eux tous, ils dessinent un paysage clair et transparent, une maison à la campagne et le temps qui passe au fil de l’écriture. C’est le jour, le plein soleil, les fenêtres ouvertes, puis forcément c’est la nuit, la lune et les volets clos. Parfois, il y a des nuages et parfois, non. De tout le recueil, en revanche, il n’y a pas trace de vivants; quelques signes seulement que des hommes ont été là et que peut-être ils reviendront, «des livres épars sur les tables et les sièges», «une veste est suspendue au portemanteau/près de la porte d’entrée/dans le vestibule obscur», mais dans le temps du poème, rien qu’un monde d’objets, d’oiseaux et d’arbres, de lumière et d’ombre. Comme le recueil de Yannick Liron porte le beau nom de l’Effet fantôme (c’est son deuxième, le premier s’intitulait l’Effet éclair 1), on devine que ce monde déserté des hommes est livré tout entier à une autre présence insistante, un spectre dont le nom pourrait être langage, ou mieux même: mots. Les poèmes de Yannick Liron se déploient dans la fascination de quelques mots, qu’ils répètent sur tous les tons en une litanie prosaïque. Exemple: «et la nuit aussi la nuit est tombée toute la nuit/il faisait nuit», et encore: «les arbres en face sous la grande allée d’arbres verts/deux beaux arbres les mêmes arbres de grands arbres/sous les arbres verts», et aussi: «un doigt d’ombre agonise/gout
Critique
Un monde désert
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par Stéphane BOUQUET
publié le 18 juin 1998 à 3h49
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