Imperturbablement, il écrit des livres qu'imperturbablement le grand public plébiscite. A 74 balais sonnés et plus qu'autant de volumes au compteur (78, pour être tout à fait précis et si mon compte est bon), Bernard Clavel perdure, en père tranquille que quelques principes assoient: la guerre est une saloperie, le «bon Dieu», toujours du côté du manche, reste une création aléatoire (1), les hommes font leur propre histoire (Clavel fut communiste) et la terre ne ment pas. Changent les temps et les moeurs, lui demeure. D'où vient qu'après qu'il eut tant redit ses vérités simples on ne parvient pas à assimiler sa manière à une recette, et son parti pris à une aimable démagogie? On parlera plus volontiers de candeur sereine, qu'on ne confondra pas tout à fait avec de la naïveté.
Tout, dans le Soleil des morts, induit la sollicitation d'une morale puissante, cadrée par l'exergue en deux parties, qui sollicite l'ampleur de Balzac («La gloire est le soleil des morts») comme inspiratrice du titre et le pacifisme de Romain Rolland («Ce sont les braves gens qui font l'éternité des fléaux criminels dont l'humanité est martyrisée: ils les sanctifient par leur acceptation héroïque») pour énoncer le choix d'un camp: celui des humbles, bien sûr et toujours, dont le destin n'est que de mourir. Il s'agit bien de cela: le dernier Clavel est une épopée genre qui ne se fait plus guère , une traversée de trois guerres comme autant d'absurdes champs d'horreur (2), roman familial au se