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Critique

Homo mais pas ego. Pour l'Américain Leo Bersani, l'expérience homosexuelle ouvre notre culture à l'altérité et à une critique de la mentalité égoïste. Leo Bersani, Homos. Traduit de l'américain par Christian Marouby, Odile Jacob, 224 pp., 130 F.

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publié le 25 juin 1998 à 4h19

Le mouvement homosexuel français semble traverser une crise

d'identité, alors même que la reconnaissance sociale de l'homosexualité progresse ­ la législation sur le pacte civil de solidarité sera discutée cet automne à l'Assemblée nationale. Mais qu'en est-il aux Etats-Unis, où le mouvement gay est né il y a plus de vingt ans, accumulant sur ce quart de siècle des pratiques communautaires et des expériences politiques inégalées dans le reste du monde? Homos, de Leo Bersani ­ professeur de littérature française à Berkeley ­, dresse un état des lieux qui témoigne précisément d'une vaste remise en question: querelles théoriques sur ce que signifie le fait même d'être homosexuel, conflits idéologiques entre différents mouvements, débats sur l'opportunité et la nature d'un lien entre la sexualité et la politique" S'engage alors une réflexion sur la nécessité de «repenser l'identité» qui dépasse les frontières géographiques, surplombe également le clivage entre homosexualité gay et lesbienne, et abolit en fin de compte la différence même entre homosexualité et hétérosexualité. Autant sinon plus qu'un manifeste post-queer (groupe néogay dont le mot d'ordre fut: «Nous sommes partout»), Leo Bersani signe une forme d'objection à Malaise dans la civilisation, de Freud. En un mot, l'expérience homosexuelle ouvre notre culture à une critique de la mentalité egoïste et à l'alternative d'une «nouvelle manière de nous retrouver en l'autre».

Face à «l'idéal de domination de la culture dominan