Les Italiens ne passent pas vraiment pour de formidables auteurs de
polars. Il y eut certes le polar turinois et bourgeois de Fruttero et Lucentini, trop malin pour ne pas sentir le pastiche, ou encore, en plein boom économique, l'américanisme milanais de Scerbanenco et ses paumés plus bêtes que méchants. Il y eut, en outre, la Rome de l'Affreux Pastis de la rue des Merles, de Gadda, qui du pastiche n'a que le nom, en dépit d'un meurtre, d'un probable assassin et d'un commissaire de police. Mais le Milanais Gadda lui-même arrêta le roman avant que l'enquête n'aboutisse. On peut rappeler, enfin, le Nom de la rose, d'Umberto Eco, gothique pastiche de pastiches au succès planétaire. Mais tout cela fait plus récré qu'école. Or, depuis quelque temps, un vent frais, directement sorti des morgues, semble (re) donner vie au polar italien. De ce courant Francesco Guccini et Loriano Macchiavelli fournissent un excellent exemple avec leur Macaroni.
Soudainement, des meurtres en série se produisent, en 1938, dans un petit village perdu au fond d'une vallée des Apennins, entre Toscane et Emilie. L'époque est au fascisme triomphant, qui évidemment est plus porté vers l'ordre que le désordre: aussi presse-t-on l'adjudant des carabiniers de boucler l'enquête au plus vite, d'autant plus qu'un coupable idéal est disponible sur place, un anarchiste recherché par la police politique. Mais rien n'est simple, même dans un bled où tout le monde sait tout de tous. L'adjudant lui-même traîne on ne s