Menu
Libération
Critique

Lautréamonde. Une instruction, parfois drôle, des grandes énigmes ducassiennes, à travers les proches du poète et de Montevideo à Paris. Jean-Jacques Lefrère, Isidore Ducasse, auteur des Chants de Maldoror, par le comte de Lautréamont, Fayard, 686 pp., 198 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 9 juillet 1998 à 7h29

On sait si peu de chose sur Isidore Ducasse que, en 1960, Philippe

Soupault écrivait dans son Lautréamont de la collection «Poètes d'aujourd'hui»: «Lautréamont ne sera jamais un personnage historique. Il est en dehors de l'histoire littéraire et de l'histoire des moeurs.» Sept ans plus tard, Marcelin Pleynet, dans son Lautréamont (Ecrivains de toujours), percevait dans ce silence une illustration exemplaire de cette «mort de l'auteur» propre aux années Tel Quel. Pourtant, dès 1975, François Caradec renouvela le dossier avec un Isidore Ducasse, comte de Lautréamont qui stimula les études ducassiennes. Elles aboutissent aujourd'hui à la biographie de Jean-Jacques Lefrère, dont les 686 pages, dûment annotées, ressemblent, sinon à de l'insolence, du moins à de la provocation.

Animateur avec François Caradec et Sylvain-Christian David des Cahiers Lautréamont depuis 1987, Jean-Jacques Lefrère et une équipe de ducassiens émérites (Jean-Pierre Lassalle, Jean-Louis Debauve, Michel Pierssens) ont rassemblé tous les documents relatifs à Isidore Ducasse. Comme ces gauchos uruguayens capables de pister un cavalier jusqu'au coeur des villes, ils sont partis des rares indices laissés par Ducasse et des quelques témoignages existants pour visiter archives, bibliothèques, cimetières et cadastres.

Isidore Ducasse naît le 4 avril 1846 à Montevideo et meurt le 24 novembre 1870 à Paris. Ce que nous savons de sa vie réelle confine à l'abstraction. Une scolarité au lycée de Tarbes (comme Laforgue), p