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Série

Bella ciao, Coco; par THIERRY CRIFO.

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UN ÉTÉ 98. Faits divers d'été. Chaque jour, un écrivain de la Série Noire s'inspire d'une dépêche parue dans «Libération».
par Thierry CRIFO
publié le 18 juillet 1998 à 6h13

LIBERATION: Octobre 83

Dans sa Fiat128, il écoutait les Pink Floyd. Sur le siège avant, une carabine et, dans sa poche, un agenda: «Je ne veux pas mourir comme n'importe qui. Tout le monde doit savoir comment meurt un type comme moi. Je ferai en sorte que la police me tue». G. C., un Romain de 20 ans, est mort comme il l'a voulu. Mercredi, dans sa voiture, il provoque deux motocyclistes qui lui répondent comme de coutume dans les rues romaines. Il braque et sort son fusil: «Barrez-vous ou je vous descends. Allez chercher les flics et dites-leur qu'ils essaient de me prendre». Les jeunes s'arrêtent au premier policier. G. C. est pris en chasse par deux voitures, sirènes hurlantes. La poursuite s'achève contre une Alfa Roméo. G. sort et braque son fusil sur les policiers. Malgré les sommations, il maintient sa menace. Deux balles et l'Italie a su comment mourait un type comme lui. Les bâtisses de la Borgata s'élèvent, courbées, fissurées, au-dessus des routes défoncées et poussiéreuses. Les antennes par centaines poussées sur les toits semblent des croix sur des tombes oubliées, écrasées par le soleil. Coco, en noir, comme au soir du grand soir, Walkman vissé sur le crâne rasé, costume en lin à même le corps, espadrilles légères, efface à pas feutrés les trois étages de l'escalier sombre et puant qui le mènent à sa chambre. Il entre, referme, verrouille à double tour. Il allume. Les volets sont fermés, comme toujours; la pièce est vide. Seules une table et une chaise ont échapp