Libération : O1/88
Un étrange «braqueur» sévit depuis le début de la semaine à Besançon (Doubs): lundi, il commettait un hold-up à main armée, mardi il rapportait la totalité de la somme dérobée" avant de récidiver mercredi dans une autre agence de la même banque. Les policiers avouent n'avoir jamais vu un tel comportement.
«Ca c'est vrai, vingt dieux, j'ai jamais vu ça.» Le brigadier avala cul sec son cinquième Perrier-rondelle. Comme s'il voulait laver son intérieur à grande eau. Nettoyer le carrelage. Faire plus blanc. Noyer l'angoisse. Quitte à essorer à mort, après.
Autour de lui, l'assemblée en était plutôt au jaune de base. Cinq fois cinquante et un, ça fait deux cent cinquante-cinq. On l'écoutait avec un certain énervement, ce n'est pas un gendarme qui allait faire du discours dominant, surtout dans un bistrot, mais personne n'osait le contredire ou bien émettre une quelconque réserve, tant l'histoire était incroyable. Du jamais vu. A croire que quelque chose ne tournait plus rond. Que le monde, monsieur, n'allait pas bien. La faute à qui, ça, va savoir. Les bombes atomiques, le nitrate, l'alliance socialo-communiste et la stratégie d'Aimé Jacquet, cette fois, n'expliquaient pas tout.
Bien sûr, il est armé. Et pas d'un pistolet à bouchons. Le mec dangereux, donc, faut pas l'oublier. Mais bon, ça casse le boulot, ce genre de truc. Ça fait mauvais genre. Comme si attaquer des banques, ça devenait un sport et uniquement un sport. A ce train-là, on va avoir des championnat