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Libération

Tardi. L'horlogerie des fantasmes .

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Qu'il dessine le Paris de Nestor Burma ou celui d'Adèle , Tardi fait d'obsessionnels repérages. Pour mieux mettre en scène les humains désarmés.
publié le 1er août 1998 à 8h43

Quand il parle de son travail, Jacques Tardi évoque souvent le cinéma pour mieux se faire comprendre. C'est de là que lui viennent beaucoup de ses références. Mais son ambition n'est nullement de tâcher d'en copier les effets. «Je trouve épouvantable dans la bande dessinée d'utiliser la technique narrative du cinéma. Quelquefois, le dessinateur veut faire des travellings: ça ne marche pas. Ou alors il débite des images en petits morceaux, c'est la même chose, je trouve ça grotesque, c'est censé être l'équivalent d'un mouvement de caméra ou je ne sais quoi.»

En introduction à Par la fenêtre (Christian Desbois éditeur), qui regroupe des peintures du dessinateur, Michel Boujut, avec qui il a dessiné des critiques de cinéma dans le défunt mensuel (A suivre), écrit: «Tardi à sa fenêtre, projectionniste de son propre imaginaire. Il me fait penser à James Stewart (l'un de ses acteurs préférés) dans le rôle du reporter-photographe de Fenêtre sur cour, d'Hitchcock, cloué chez lui, une jambe dans le plâtre, à la suite d'un accident. "Un homme regarde, voit, réagit. Le film tout entier est un processus mental, restitué par l'image. La définition de l'oncle Alfred s'applique à merveille aux quinze fenêtres de Tardi réunies ici.» Et Michel Boujut de citer Tardi lui-même, énervé qu'on essaie d'opposer en lui le dessinateur et le peintre: «Le support importe peu, papier, carton ou toile. Ce qui compte, ce sont les images, l'idée de série et la variation sur un thème.»

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