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Libération
Interview

Tardi «Ça sécrète je ne sais quoi».

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UN ETE 98. TARDI. Comment Adèle vint à Tardi (2/4). Chaque semaine, Tardi raconte son travail
publié le 15 août 1998 à 9h21

J'ai dû être amené aux Invalidesquand j'étais môme par des cousins ou un oncle pour voir des soldats de plomb. Ce qui m'intriguait, c'étaient les canons, de vrais canons napoléoniens. Je les imaginais chargés, que ça allait partir comme dans Fanfan la Tulipe.

Dans la statue de Jules Dalou, place de la Nation, on voit la République qui, avec un geste d'apaisement, commande aux lions de la Défense nationale. Mais on a quand même l'impression que Marianne se demande s'il pleut. Je trouve que le geste n'est pas à la hauteur de sa mission. J'ai fait en 1989 un catalogue sur toutes ces sculptures, la fonction éducative de la sculpture de square (pour l'exposition «Quand Paris dansait avec Marianne», ndlr). Ça m'amusait qu'on parte du principe que les gens ne savaient pas lire, n'allaient pas au musée, donc qu'il fallait faire descendre la culture dans la rue avec des sculptures de Gaulois protégeant femmes et progéniture et tous les problèmes que ça posait. Comment devait-on représenter la République? Est-ce que ça devait être une femme? Un homme? Il y a beaucoup de socles sans statue dans Paris: on dit toujours que les Allemands les ont fondues pendant la guerre. Ce n'est qu'en partie vrai. Il y a aussi tous nos grands hommes tombés en disgrâce, déboulonnés. Il y avait des stocks avec des maquettes dans des magasins, maintenant regroupés dans des locaux de la Compagnie des eaux: sculptures, peintures, maquettes de la statue de la place de la République. J'ai été dans ces entrepôts