Le Savant et la politique est un titre un peu trompeur. Non pas
parce qu'il reprend (à un article féminin près) celui du célèbre essai de Max Weber, ni parce que seul le sous-titre fait comprendre que Jeannine Verdès-Leroux ne porte pas dans son coeur le plus célèbre des sociologues français contemporains. Mais parce que, après avoir fait le tour du côté «savant» de Pierre Bourdieu son oeuvre (nulle), sa carrière universitaire (ambitieuse), ses combats intellectuels (douteux) , ce livre laisse curieusement dans l'ombre le rapport du sociologue à la politique, à part son tout récent soutien à la lutte des chômeurs, la goutte qui a fait déborder le vase de la patience de Jeannine Verdès-Leroux. Et pourtant, même implicite, la politique ne pouvait pas rester absente. A cela, au moins deux raisons. La première, c'est que Verdès-Leroux considère l'entreprise sociologique de Bourdieu de bout en bout idéologique, et donc subrepticement politique. La seconde tient (probablement) à la spécialisation de cette historienne, qui a publié des travaux sur les intellectuels communistes, gauchistes ou encore de l'extrême droite, des années 30 à la Libération: mettre néanmoins en exergue le rôle politique de Pierre Bourdieu est alors une manière d'en juger la sociologie à partir de l'autorité des ses propres compétences disciplinaires et, partant, de masquer la charge pamphlétaire du Savant et la politique.
Ce n'est pas faute d'avoir cherché, mais Verdès-Leroux n'a rien trouvé dans l'oeuvre