Des biographies existaient déjà sur les tombeaux de certains grands
de l'Egypte ancienne, plus de deux millénaires avant Jésus-Christ, mais le premier biographe célèbre est Plutarque. L'auteur grec des Vies des hommes illustres, né en 46 et mort en 120, a eu comme principale originalité, outre son talent, de comparer les existences de ses sujets. Pour lui, la biographie avait un devoir moral évident et, comme on ne peut juger du bonheur ou du malheur d'une vie qu'après qu'elle est terminée, il ne racontait que celle d'hommes morts. C'est plutôt sur ce modèle aussi que fit Suétone avec les Vies des douze Césars. Dans l'époque moderne, la biographie va rester un genre littéraire, mais en abandonnant son devoir moral pour un aspect plus romanesque. Gilbert-Keith Chesterton écrit sur Stevenson et Dickens, Stefan Zweig sur Balzac, Philippe Soupault sur Labiche, Giono sur Melville et Boulgakov le Roman de monsieur de Molière sans que la base de leur travail soit le moins du monde la collecte d'informations inédites. Ils sont écrivains, inventifs, jusque dans leurs biographies. Longtemps, ce sont surtout les historiens qui racontent des vies du passé. D'une certaine façon, Jean Lacouture a introduit en France la biographie comme genre journalistique fait de révélations ou de nouveaux éclairages, dans les années 70 (avec Léon Blum, Malraux, Mauriac"). A la suite de ces succès de librairie, le nombre de biographies s'est multiplié, et des personnes vivantes ont commencé à en faire l