A l'annonce de l'interdiction du synopsis de Bernard Violet, Me
Jean-Claude Zylberstein, avocat spécialisé dans les questions de presse et d'édition, fut l'un des premiers à réagir. Egalement responsable des collections «Domaine étranger» et «Grands Détectives» de 10/18, et de «Pavillons» chez Laffont, il analyse les relations entre édition et justice.
Avez-vous eu connaissance par le passé de textes interdits avant même d'avoir été écrits?
Dans le domaine de l'édition, c'est une première assez extravagante. Dans la presse, il y a eu un précédent, en 1984. France Dimanche avait annoncé à ses lecteurs qu'il allait consacrer un reportage à la grossesse et à l'accouchement de Sheila dans son prochain numéro. Le juge des référés a exigé la communication à Sheila de l'article à paraître. Puis il a interdit, sous astreinte, toute relation écrite ou photographique concernant l'heureux événement. Ce cas est totalement isolé. Habituellement, dans les affaires de référé préventif, la jurisprudence considère que le trouble ou le dommage est purement éventuel. Il n'y a donc pas de censure préalable. Mais France Dimanche avait commis l'erreur d'annoncer ses intentions. S'il n'avait pas obtenu des éditions Grasset le synopsis de sa biographie, Alain Delon n'aurait pas pu attaquer Bernard Violet.
Alain Delon n'avait-il aucun moyen juridique de se procurer ce texte?
Lorsqu'un texte risque de poser problème, l'attitude la plus conviviale de l'éditeur consiste à organiser une communication confid