«La mort n'est pas à l'intérieur de la vie comme un corps étranger
qui lui serait contraire; elle est à l'intérieur de la vie comme tous les autres âges de l'existence: elle fait partie intégrante de la vie elle-même. La mort ne nous est donc pas contraire et n'est pas notre adversaire. Elle n'est pas même notre partenaire ou notre compagne, car cela supposerait qu'elle soit autre que nous, différente de nous comme l'est un partenaire ou une compagne. Elle est en nous, elle fait partie de notre vie, elle fait partie de nous.» De la mort, ça fait une vie que Jacques Pohier s'en occupe. En tant que théologien, d'abord: il n'a quitté (en 1989) l'ordre dominicain où il était entré en 1949 que bien après sa condamnation par le Vatican en 1979, à cause notamment de son livre Quand je dis Dieu (Seuil, 1 977) et de ces études «hérétiques» sur la doctrine catholique à la lumière des sciences de l'homme. En tant que laïc, ensuite: sans ressources, Jacques Pohier est embauché en 1984 comme employé de bureau à plein temps par l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), dont il deviendra secrétaire général puis président, jusqu'à son récent départ à la retraite. Cette double expérience est le fond sur lequel est venu mûrir la Mort opportune (1). Jacques Pohier aurait préféré appeler «tempestive», au sens où elle vient à temps, la mort telle qu'il l'entend mais cet adjectif dérivé du latin n'existe malheureusement pas en français. «Opportune» a alors fait l'affaire: co