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Libération
Critique

Une taupechez les rats.

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Une réédition en poche et une balade dans les sous-sols de New York. Par un Irlandais de 33 ans qui fait de l'expérience la condition du romanesque.
publié le 10 septembre 1998 à 11h35

Colum McCann, né à Dublin il y a trente-trois ans, est un écrivain de terrain. Avant d'écrire son premier roman, le Chant du coyote (repris en poche après avoir été traduit dès 1996 chez Marval), il sillonne pendant deux ans les Etats-Unis à vélo, quinze mille kilomètres sur la selle, sans jamais emprunter une autoroute ni dormir dans un hôtel. Pour le suivant, les Saisons de la nuit, il plonge quatre fois par semaine pendant un an dans les sous-sols de New York, où survit toute une population de déshérités. Pour Colum McCann, aujourd'hui installé à New York après un brillant début de carrière (prix littéraires en Irlande, vente de ses droits à Hollywood, éloges de vieux routiers comme Jim Harrison), l'écriture vient de l'expérience et l'imagination peut se donner d'autant plus libre cours qu'elle s'appuie sur une réalité éprouvée et une solide documentation. En l'occurrence, ce sont les gens simples et le monde du travail qui l'intéressent le plus. Mais, ajoute-t-il (de passage à Paris), «je n'ai pas pour autant de message social ou politique à faire passer».

A leur manière, le Chant du coyote et les Saisons de la nuit sont deux traversées du siècle. Le premier met en relief les exodes massifs qu'a connus l'Occident depuis plus de cent ans: le jeune narrateur, qui a entrepris de reconstituer l'histoire mouvementée de ses parents, retrace l'itinéraire de son père, orphelin irlandais parti photographier la guerre d'Espagne, se retrouvant au Mexique en 1939, rencontrant sa futu