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Critique

Choménidis va-t-en guerreUne charge contre l'armée qui emporte avec elle toute la société grecque d'aujourd'hui. Mais la farce a quelques relents nationalistes. Christos Choménidis. La Hauteur des circonstances. Traduit du grec par Danielle Blot. Le Seuil, 256 pp., 130 F.

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publié le 17 septembre 1998 à 9h49

Dans le Jeune Sage, son premier roman paru en français il y a à

peine un an chez le même éditeur, Choménidis avait laissé son narrateur, Nikos, à 19 ans, au milieu du gué de la vie, après lui avoir fait vivre un roman d'apprentissage et d'aventures picaresque assez foisonnant pour être capable de remplir plusieurs vies tumultueuses. Et laissé son lecteur pantois devant une Grèce baroque, et, pour tout dire, malgré son attachement institutionnel à l'Europe, orientale.

Dans ce deuxième livre, le narrateur (mais le roman se révélera plus compliqué qu'une simple narration) a l'âge de faire son service militaire, donc à peu près celui du Nikos abandonné l'an passé, ce pourrait être lui, et puis non, c'est un autre car la Hauteur des circonstances n'est pas une suite, au sens biographique, mais une progression, au sens littéraire, la Grèce qu'on y rencontre y accentue sa caricature jusqu'à la farce. Malheureusement, la farce est forcée, et la morale, à la toute fin, si l'on suppose qu'une fable doit avoir une morale, paraît vaguement frelatée, frottée d'un nationalisme goguenard qui en cache un plus dur, celui des va-t-en-guerre, et dans ce pays-là, les têtes de Turcs sont turques, et l'on ne souhaite pas trop qu'elles aillent se faire voir chez les Grecs.

Mais, en attendant que l'affaire finisse dans un grotesque voulu et appuyé, Choménidis laisse aller son imagination satirique, efficace, souvent comique, qui n'épargne aucun travers de l'âme humaine. Marinos Fakidas, jeune play-boy