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Libération
Critique

Corpus Cristo. La vengeance de la littérature.

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Edmond Dantès reparaît partout, à l'occasion de son adaptation sur TF1. Mais l'action vengeresse du héros de Dumas se concentre sur l'utilisation comme arme suprême de son ancien patronyme, procédé purement littéraire.
publié le 17 septembre 1998 à 11h48

En quoi consiste la vengeance du comte de Monte-Cristo? Ecrit en

1844-1845, le livre a fini par éclipser toutes les autres oeuvres d'Alexandre Dumas (1802-1870), y compris les Trois Mousquetaires, pour devenir le modèle du roman d'aventure. Une nouvelle adaptation télévisée, sur TF1 et avec Gérard Depardieu, a donné l'occasion aux éditeurs de sortir une flopée de nouvelles éditions. Injustement emprisonné quatorze ans durant au château d'If, au large de Marseille, Edmond Dantès, devenu riche et cultivé grâce à sa rencontre avec l'abbé Faria qui occupait la cellule d'à côté, ne laissera pas mourir tranquilles ceux qui, obnubilés par leur propre intérêt, ont, sans trop de scrupule, fait son malheur. Mais le lecteur sent que le déshonneur de Morcerf, la ruine de Danglars et le délitement de toute la vie de Villefort, les trois traîtres, ne sont pas les buts ultimes que s'est donnés Monte-Cristo. La force de sa vengeance tient au romanesque purement littéraire par lequel elle éclate.

La collaboration principale d'Auguste Maquet au roman fut, semble-t-il, de convaincre Dumas d'en renforcer la première partie, tout ce qui est la chute de Dantès et ses malheurs de prisonnier. Aujourd'hui que le Comte de Monte-Cristo a acquis une réputation presque légendaire, ces pages sont encore les plus célèbres. Elles n'ont pourtant qu'un rôle informatif, le coeur du roman demeurant évidemment la vengeance du héros. «Bonheur de Proust: d'une lecture à l'autre, on ne saute jamais les mêmes passa