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Libération
Critique

De plus en plus O Troisième livre d'un jeune Marocain homosexuel qui navigue en douceur entre deux cultures. Rencontre. Rachid O. Chocolat chaud. Gallimard, collection «L'Infini», 96 pp., 75 F.

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publié le 17 septembre 1998 à 9h47

Comme c'était déjà le cas les deux premières fois, Rachid O., né à

Rabat en 1970, signe Chocolat chaud, son troisième livre, de la seule initiale de son patronyme. «Je ne veux pas embarrasser ma famille», explique avec délicatesse ce jeune Marocain, dont les textes disent notamment, avec la franchise d'un «enfant ébloui» (titre de son premier recueil de nouvelles paru en 1995), ce que c'est d'être un jeune homosexuel dans une société musulmane aujourd'hui. Pourtant, les siens sont au courant: «Mon père sait tout, mais il ne m'en a jamais parlé directement, ajoute Rachid O. Une fois, il a envoyé un de mes frères pour voir où je vivais et se rassurer. Mais il ne m'a rien dit.» Ce non-dit ne semble pas gêner Rachid O., il serait plutôt le signe de la bienveillance paternelle, une preuve de plus de ce «rapport privilégié» qu'il dit entretenir avec son géniteur. Bien que les choses soient «plus faciles qu'avant», le Maroc reste, selon lui, un pays homophobe et où le sexe n'est pas un sujet simple à aborder, surtout à la maison.

Rachid O. est le dernier de sept enfants, cinq garçons et deux filles, tous restés au Maroc. Il avait moins de deux ans quand sa mère est morte en accouchant, terrible épisode dont il ne se souvient pas mais qui l'a suffisamment traumatisé pour être à l'origine de Chocolat chaud. Comme souvent au Maghreb, son père, commerçant aisé de Rabat, s'est remarié avec la jeune soeur de sa femme. Elevé par l'une de ses soeurs aînées, le jeune Rachid a le sentiment d'a