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Libération
Critique

Le Ring et le Reich.Véritable brûlot, l'autobiographie de l'arrière-petit-fils de Wagner met en lumière les liens unissant la famille du compositeur au nazisme. Gottfried Wagner, L'héritage Wagner, une autobiographie Edition NIL/Seuil, 425 pp., 139 F.

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publié le 17 septembre 1998 à 9h51

L'héritage Wagner, c'est avant tout un nom difficile à porter. Un

nom qui, lorsqu'on l'assume, ouvre immédiatement les portes de l'industrie musicale classique. Mais également un nom indissociable de l'histoire du IIIe Reich. Parce que Gottfried Wagner, arrière-petit-fils du compositeur, a grandi dans l'après-guerre dans une famille dont l'ami personnel fut un certain Adolf Hitler, son livre ne ressemble pas à un traité de musicologie analysant le degré de contamination de l'oeuvre par sa réappropriation nazie. Même s'il ne fait aucun doute que pour Gottfried Wagner l'auteur des Maîtres Chanteurs de Nuremberg a, par ses nombreux «écrits racistes et son Festival de Bayreuth, participé au fondement philosophique de l'Holocauste». Ce qu'illustrent moult citations définitives extraites des livres de l'aïeul, le Judaïsme dans la musique, Opéra et Drame (1851), De l'Etat et de la Religion (1864), ou Qu'est-ce qui est allemand?, Art allemand et Politique allemande.

En prenant le parti de raconter, non sans pathos, son propre itinéraire, des greniers où sont enfouis les secrets de Bayreuth à Jérusalem où il milite aujourd'hui pour un rapprochement judéo-allemand, Gottfried Wagner risque le mélange des genres, quitte à frustrer les chercheurs. Il a pourtant déjà trouvé en Allemagne le large public des «livres à scandale». La galerie de monstres qui s'entre-déchirent derrière la façade bucolique de la Villa Wahnfried pour la succession à la direction de Bayreuth, par livres interposés,