Les papiers d'identité de Pierre Sansot si toutefois il en
possède, ce qui n'est pas sûr indiquent sans doute quelque chose comme «professeur des universités» ou encore «sociologue». Il ne s'agit pas d'une supercherie, même pas d'une plaisanterie, plutôt d'un malentendu. Sansot était en train de rêver, il a vu de la lumière et il est entré, l'Education nationale l'a salarié et des éditeurs l'ont pris pour un urbaniste théoricien. Sansot a continué son chemin buissonnier. Cela nous vaut aujourd'hui cet opuscule, antidote à l'inconfort du temps présent, Du bon usage de la lenteur.
Ouvrons-le presque au hasard: «Je vous propose un ennui dans lequel on s'étire voluptueusement, par lequel on bâille de plaisir, tout au bonheur de n'avoir rien à faire, de remettre à plus tard ce qui n'est pas urgent. Vous vivez alors dans le sentiment de la non-urgence.» Hélas,on s'acharne à nous convaincre du contraire: il y a le feu vraiment au lac, il faut agir, et vite! Pas seulement contre le désordre du monde que Sansot ne nie pas plus qu'il ne s'en accommode. Au contraire: il faut agir parce que le prurit de l'agitation est devenu omnivore.
Comme en bruit de fond, il existe une sorte d'injonction sourde mais générale à l'action pour l'action. Même les loisirs se doivent d'être organisés, dynamiques et intelligents. Sansot réclame simplement le droit de se protéger d'un tel impératif catégorique par une sorte de restriction mentale. Il y a de la dissidence dans sa bonhomie, une révolte d