Elle se surnomme Unless, qu'on traduira au petit bonheur en espérant
tomber juste, s'est appelée Fred, Ulyssette ou encore Annette, et ne sait plus parfaitement orthographier son patronyme. Elle se situe en général «à gauche de l'action principale et un petit peu au fond», mais c'est pourtant elle qui ouvre le premier roman d'Hélène Monette, québécoise, née en 1960, auteur de recueils de poèmes et récits. Le plus souvent, Unless est sur une bicyclette et elle transporte des colis et des lettres. Mais on n'est pas forcé de deviner dès les premières pages qu'elle est coursière. On le comprend grâce à de drôles de phrases, comme: «Ils ont donné le centre-ville à Bob.» C'est dire combien Unless, narratrice, ne recherche pas à n'importe quel prix la complicité avec le lecteur. De toute manière, si on ne saisit pas quel est le métier d'Unless, ce n'est pas très grave, car l'entreprise qui l'emploie risque de fermer très vite, et dans la confusion. La jeune femme a deux soeurs aînées, Milou et Red. Elles sont comme tout le monde, «humiliées, blasées, mais en plus fuckées». Lisière du langage, lisière de la ville, le roman ne se déroule pas dans le beau monde, même si, «dans le circuit du nombril, ça bénévole sans compter comme si ça allait finir par rapporter». Il fait froid, environ 24, et les degrés, comme les trois soeurs, n'ont pas fini de s'abaisser. Trois soeurs, trois points de vue en sympathie, et les têtes de chapitre distribuent en alternance les prénoms. Milou, par exe