Veille de Noël 1995. A Lisbonne, trois frères et soeurs qui ne se
sont plus vus depuis quinze ans, après leur retour d'Angola, s'apprêtent à passer le réveillon ensemble. L'aîné, Carlos, est métis, le benjamin, Rui, est gravement épileptique: entre les deux, Clarisse, qui mène une vie dissolue. Au même moment, restée en Angola, une femme s'apprête à mourir face à une bande de tueurs: c'est la mère des trois, enfin la vraie mère de deux seulement, Carlos étant un bâtard acheté à la naissance pour éviter le scandale. Maudit réveillon: ni Carlos ni Clarisse ni Rui n'ont envie de le fêter ensemble, il rappelle trop de mauvais souvenirs, les haines enfantines, la discorde des parents, le père alcoolique, la maladie de Rui, l'humeur farouche de Carlos, l'agonie de la colonie. Quant à la mère, elle n'a pas voulu quitter l'Afrique malgré la guerre, le chaos, la désolation, et la mort imminente: «Nous avons fini par aimer l'Afrique avec la passion du malade pour sa maladie.» Tel est l'argument du nouveau roman d'Antonio Lobo Antunes, la Splendeur du Portugal.
«Mon père avait coutume d'expliquer que ce n'était pas l'argent que nous étions venus chercher en Afrique ni le pouvoir, mais des Noirs sans argent et sans aucun pouvoir qui nous donneraient l'illusion de l'argent et du pouvoir que nous avions mais en fait sans les avoir puisque nous n'étions que tolérés au Portugal, regardés avec mépris comme nous-mêmes regardions les Bailundos qui travaillaient pour nous et donc d'une certaine m