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Critique

On nous cache tout. D'ouest en est, de La Mecque aux déserts australiens, un dictionnaire de l'ésotérisme, aussi exhaustif que possible, pour un savoir qui aime à se cacher. Jean Servier (Sous la direction de): Dictionnaire critique de l'ésotérisme, Puf, 1 550 pp., 980 F.

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publié le 1er octobre 1998 à 13h08

Si le mot «ésotérisme», pour indiquer des connaissances ou des

enseignements réservés à des «initiés», n'apparaît en France qu'au milieu du XVIIIe siècle, la «chose» est sans doute aussi vieille et aussi répandue que l'humanité. Ce n'est pas le moindre mérite du Dictionnaire critique de l'ésotérisme que de montrer cette étendue sans bornes d'une connaissance que la raison occidentale ne cesse de délégitimer, mais aussi de la recenser et de la consigner dans des supports, pas nécessairement plus sûrs que la simple parole qui l'a transmise par-delà les générations et les millénaires. Plus on sait, plus on veut savoir, c'est le paradoxe même de cette somme sur «les choses cachées», et la marque de son indéniable réussite, que souligne Jean Servier, son ordonnateur: «Toutes les populations, toutes les conceptions cosmogoniques n'ont pu être mentionnées, souvent faute de spécialistes, certains ayant été arrêtés par le discrédit que fait peser sur l'ésotérisme le lourd casque de plomb de la raison occidentale et agir la corrosion de l'aigre dérision; de plus, les meilleurs spécialistes d'une langue ou d'une grammaire n'ont pas toujours cherché à comprendre la pensée secrète d'une civilisation ou d'un peuple.»

La connaissance ésotérique postule qu'il y a une relation de «sympathie» entre les choses, une sorte de texture mystérieuse plus réelle que toute apparence. Cette force attractive universelle aime à rester cachée, et la saisir n'est pas donnée à tous, mais à quelque rares sage