Le mur constituant le fond de scène serait habillé d'une toile de
Jouy figurant des scènes de chasse ou d'amours bucoliques. S'y s'appuieraient, respectivement côté cour et côté jardin, un lit et un coffre-fort. On identifierait, vibrionnant çà et là, quelques crétins mondains, bouffons de magazines et tigres de papier glacé qui, en rotant des bulles champagnisées, supputeraient l'identité véritable de la prétendue vieille maîtresse d'un président défunt (1). A l'avant-scène, Didier Van Cauwelaert et Gilles Martin-Chauffier tiendraient le crachoir.
Ils évoqueraient ensemble leurs bons amis et leurs meilleurs ennemis qui, comme on passe d'un canapé au saumon à un petit-four au tarama, traversent un environnement littéraro-journalistique tel que nos auteurs, supposés le vivre, le modélisent: le narrateur des Corrompus s'appelle Yann Kerven (titulaire d'une chefferie culturelle à Paris-Scoop, il fait le nègre pour un secrétaire d'Etat désireux de publier une biographie de Barbey d'Aurevilly; quand ça se saura, ce sera la merde). Celui de Corps étrangers s'appelle Frédéric Lahnberg (vieux con, critique littéraire «redouté» de son état, il perd sa femme en même temps qu'il s'amourache d'une lectrice de son unique roman signé Richard Glen - son pseudonyme de jeune homme; quand Faust-Lahnberg tentera de redevenir Glen, ce sera la merde). Gilles Martin-Chauffier est à la ville rédacteur en chef de Paris-Match, tandis que Didier Van Cauwelaert, ici encore imprégné de petites charlatane