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Libération
Critique

La guerre de Milan

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Sur fond de braquages, d'alcool et de femmes, l'épopée d'une génération d'Italiens en sécession armée contre une société qu'ils ne reconnaissaient plus comme leur.
publié le 8 octobre 1998 à 13h37

En Italie, les polars, on les appelle «jaunes», à cause sans doute de la couleur de la couverture de la première collection de romans policiers éditée par Mondadori dans les années trente. En France, c'est la «Série noire» de Gallimard qui a probablement donné son nom au genre. Alors que le «jaune» italien laisse entendre que ce genre littéraire serait placé sous le signe unique du suspense et de la peur, le «noir» français fait penser à un monde tout entier qui manquerait singulièrement de lumière. Ce qui est tout de même réducteur, d'un côté comme de l'autre des Alpes. Les Alpes justement, cela fait dix-sept ans que Cesare Battisti les a traversées pour venir en France, dans une fuite éperdue d'une guerre qui n'était plus la sienne, après s'être évadé d'une prison italienne. Accusé d'avoir fait partie de «Prolétaires armés pour le communisme», une organisation d'extrême gauche qui a revendiqué attentats et assassinats, il est condamné par contumace à perpétuité. Il part au Mexique, où il devient ami de Paco Taibo II qui, bonne mère, le fait naître à l'écriture. Ce ne sont que des collaborations à un supplément culturel d'un quotidien mexicain, mais Battisti a trouvé sa nouvelle voie. De retour à Paris en 1990, il y est arrêté et, après le refus de l'extradition demandée par les autorités italiennes, il s'y installe. Débute alors une carrière d'écrivain. Ce seront, chez Gallimard en «Série noire», les Habits d'ombre (1993), l'Ombre rouge (1994) et Buena Onda (1996). Hors co