La défaite de l'Allemagne nazie comme la dislocation du bloc soviétique seront-elles un jour analysées avec recul, sinon avec froideur? Les polémiques récentes autour des ouvrages de François Furet ou de Stéphane Courtois (1) montrent que les blessures du passé saignent encore. Deux livres, dont le format modeste contraste avec l'ambition, viennent à leur tour nourrir le débat.
C'est par le biais d'une correspondance initiée par la revue italienne Liberal, reprise en France par la revue Commentaire et aujourd'hui éditée en volume, que François Furet et Ernst Nolte dressent le constat de leurs accords et de leurs désaccords. Les curieux, enfin, pourront juger sur pièces les thèses sulfureuses avancées par Ernst Nolte. En présentant le nazisme comme une réplique défensive au totalitarisme stalinien, cet historien allemand avait en 1986 déclenché outre-Rhin la furieuse «querelle des historiens» qui devait inciter nombre de ses collègues à ignorer ses travaux. Le débat qui l'oppose à François Furet lui permet donc de reconquérir par la bande une légitimité contestée, ce dont les deux hommes sont parfaitement conscients. La légitimité d'une comparaison entre nazisme et communisme scelle une première connivence entre les deux hommes. Longtemps rejeté par une partie de la gauche qui jugeait ce rapprochement sacrilège, le parallèle entre les deux totalitarismes est ici longuement explicité. Fruits de la Première Guerre mondiale, les deux régimes, unis dans une commune haine de la bou