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Libération
Critique

Les palais de Chaillou

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Erudit, flâneur, Michel Chaillou arpente au présent le passé de sa «France fugitive» et fait du tout-terrain dans le pays des mots.
publié le 8 octobre 1998 à 13h38

On le sait depuis longtemps, Michel Chaillou déserte volontiers le XXe siècle pour se réfugier dans l'Ancien Régime. Ce nomade des lettres a hérité de ses ancêtres tsiganes l'esprit vagabond et le «sentiment géographique». Après un guide pédestre pour la littérature française au XVIIe, Chaillou publie aujourd'hui la France fugitive, un récit qui s'inscrit dans la tradition littéraire du voyage en France dont la collection Bouquins a publié récemment une importante anthologie.

«Je voyage comme je parle, à bâtons rompus, m'attardant si le lieu m'enchante, m'esquivant dès qu'il me fâche, flânant, recherchant à perte de vue l'objet toujours en fuite de ma flânerie, digressant, aspirant à respirer aussi bien la fleur d'une idée que celles, odorantes, du chemin.» Dans la France fugitive, Chaillou parcourt l'Ouest et le Sud. Cherche le lieu où l'on va et que l'on n'atteint jamais, celui par où l'on passe et où l'on s'attarde, le lieu d'où l'on vient et dont on a bien du mal à s'arracher, quant à savoir où est Chaillou? Il est toujours entre deux voyages, réels ou imaginaires, entre deux pages, entre l'aller et le retour.

Mais il faut d'abord partir, et Chaillou est paradoxalement un voyageur casanier. Il a bien du mal à se mettre en route («j'ai besoin que la décision me descende jusque dans les chaussettes»), et en préambule invite son lecteur à un voyage minuscule dans le XVIe (arrondissement s'entend) où il demeure, entre l'avenue Mozart et la rue du Ranelagh: «Mon qu