Bonn de notre correspondante
La tribune ne pouvait guère être plus éminente: Martin Walser a choisi le jour où il se voyait remettre le prix de la Paix des librairies allemandes pour tenir un discours contre le rappel de l'Holocauste. «Quand chaque jour ce passé m'est reproché dans les médias, je remarque que quelque chose en moi se défend contre cette représentation continuelle de notre honte. Au lieu d'être reconnaissant de la présentation incessante de notre honte, je commence à détourner le regard.». Agé de 71 ans, l'écrivain Martin Walser était déjà connu pour ses prises de position qui ont dérivé du communisme jusqu'à la droite nationaliste. Dimanche dernier, il a consacré l'essentiel de son discours à dénoncer «l'instrumentalisation de notre honte à des buts contemporains». Une thèse, de plus en plus courante, qui sous-entend que le rappel des crimes nazis viserait à exiger des compensations de l'Allemagne.
Selon Walser, les intellectuels qui rappellent la faute allemande chercheraient par là «l'illusion de pouvoir en être un peu excusés, et même d'être plus proches des victimes que des coupables». Le travail de rappel de l'Holocauste n'est devenu, pour l'écrivain, qu'une «accusation routinière», «un rituel», «une massue morale» qui finit par produire l'effet inverse de ce qu'il devrait. Martin Walser a aussi profité de sa tribune pour dénoncer le projet de mémorial de l'Holocauste: le projet monumental prévu à Berlin ne reviendrait, pour lui, qu'à «bétonner le centre