L'histoire contemporaine a mis en première page les noms de peuples
minoritaires que l'on découvrait souvent: les Katangais en lutte pour leur indépendance en 1960, les Khmers ravageant le Cambodge en 1976, les Kurdes gazés par l'Irak en 1992, les Zulus contre les Afrikaners, les Kanaks revendiquant leur souveraineté en Nouvelle-Calédonie, les Tutsis et les Hutus" La définition minimaliste d'un «peuple» est aussi nominaliste: un peuple est une population qui se donne un nom. Son avantage est de repousser en arrière-plan le rapport à un territoire. Le Dictionnaire des peuples, auquel ont collaboré des dizaines d'universitaires, repose sur une telle définition. Il fait ressortir les caractéristiques communautaires d'«environ 800 sociétés humaines, réparties sur l'ensemble du globe», à l'exception de l'Europe occidentale et centrale. Chacune de ces sociétés est identifiée par son organisation sociale, sa localisation, sa démographie, sa production économique, ses conceptions religieuses et ses rites, sa langue, son mode de perpétuation dans le contexte contemporain et par quelques indications sur son art et son histoire.
Le commerce des esclaves, le colonialisme, les conquêtes territoriales, les expansions religieuses, et mille autres facteurs ont tantôt généré, tantôt échoué à faire disparaître cette vaste diversité humaine. Il ne reste qu'un petit millier des Nambikwara étudiés par Claude Lévi-Strauss, et quelque 130 000 Navajos, qui néanmoins «constituent de nos jours la tri