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Libération
Critique

J'écris ton nom, libertin Pour le bicentenaire de la mort de Casanova, un essai de Sollers et la réédition de celui de Chantal Thomas. Qui ne doivent pas empêcher de lire ses «Mémoires» en édition intégrale. Philippe Sollers. Casanova l'admirable. Plon, 261 pp., 120 F. Chantal Thomas. Casanova, Un voyage libertin. Folio, 384 pp., 39 F.

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publié le 15 octobre 1998 à 14h07

Le 4 juin 1798 s'achevait en Bohème, dans le château d'un mécène

lointain, la vieillesse solitaire de l'un des rares hommes dont le patronyme est passé en nom commun: Jacques Casanova. Il laissait inachevés de très longs Mémoires dont personne ne savait alors qu'ils étaient un des sommets de la littérature française. En deux siècles, la nouvelle ne s'en est d'ailleurs que médiocrement ébruitée. Venise célèbre en ce moment son garnement par une grande exposition, Paris se contente de quelques livres" Même si, en passant, Casanova a prêté son concours au Don Giovanni de Mozart-Da Ponte, il y a entre lui et le séducteur sévillan mille différences (et d'abord celle qui existe entre un personnage historique et un mythe littéraire) mais aussi quelques milliers de pages. La figure de Casanova libertin et aventurier, qui avait pour estrade de ses exploits l'Europe des lumières, ses boudoirs et ses tripots, a rejeté dans l'ombre l'écrivain. Toutes les images de Casanova, et tous les fantasmes qu'il suscite, ne sont pourtant que l'ombre portée de son Histoire de ma vie. La relative méconnaissance de celle-ci s'explique en partie par le fait qu'elle n'ait longtemps été accessible que dans une version édulcorée (1) à laquelle se substitue désormais le texte original, publié par Plon dans les années 60 et repris depuis dix ans dans la collection «Bouquins». Francis Lacassin a donné là une édition magnifique, dotée d'un appareil plantureux, savant et sagace autant que savoureux, et qui fer