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Portrait

Editeur, en trois lettres.

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Paul Otchakovsky-Laurens, 54 ans, éditeur d'une littérature exigeante, ne quitte plus la liste des best-sellers.
publié le 20 octobre 1998 à 12h09
(mis à jour le 20 octobre 1998 à 12h09)

Paul est son prénom. POL son état. Paul Otchakovsky-Laurens aurait pu être avocat, il est devenu éditeur. Des Otchakovsky, juifs de Bessarabie, l'actuelle Moldavie, il a hérité le regard bleu nuit. Son père, qui était peintre, est mort de la tuberculose alors qu'il avait trois mois. Des Laurens, ses parents adoptifs, il a gagné ce «L» sans lequel Paul et POL n'auraient peut-être pas vécu en si parfaite adéquation. Depuis bientôt trente ans, Paul ouvre toujours ses paquets de manuscrits avec la même gourmandise. Comme s'il espérait de chaque lecture un nouveau tremblement de terre. «Je cherche dans les livres une certaine forme de trouble, de mise en péril», explique l'éditeur de 54 ans, à l'allure encore juvénile. «Cela passe par une recherche formelle ou thématique. Une interrogation de la langue.»

Assis sur la moquette de son bureau de la rue Saint-André-des-Arts, Post-it en main, il dévore, crayonne, sélectionne, scrute la réaction d'un collaborateur à la lecture d'une phrase, d'un poème. Régulièrement, il part dans la Drôme avec une malle pleine de manuscrits. Il lit tout. Il veut être seul à prendre la décision de publier. Pas de comité de lecture. «Je me fonde uniquement, précise-t-il, sur mon goût personnel.» Un goût subjectif et éclectique. Il n'y a pas d'école POL comparable à ce que le nouveau roman fut pour les éditions de Minuit. Entre la poésie contemporaine d'Emmanuel Hocquard ou de Dominique Fourcade, les écrits de théâtre d'Antoine Vitez, Tricks, le roman-cult