Roland Dubillard, aussi pudique soit-il, ne devrait pas voir d'indiscrétion à ce qu'on dise qu'il est né à Paris le 2 décembre 1923 et que son père, négociant en sardines, est mort en voiture en 1936. Après la guerre, où il a participé à la Résistance et durant laquelle il obtint une licence de philosophie, il débute au Club d'essai de la Radiodiffusion française. Dès 1947, il commence aussi à rédiger les Diablogues qu'il créera avec Claude Piéplu en 1975 et qui paraîtront d'abord aux éditions de l'Arbalète avant d'être repris le 3 novembre prochain en Folio, chez Gallimard, avec les Nouveaux Diablogues. C'est dans ces brefs et extravagants textes dialogués qu'on découvre par exemple ce «proverbe borgne»: «Il faut être deux pour loucher.»
En 1953, débutent les prestations radiodiffusées de Grégoire et Amédée (il est Grégoire) et Si Camille me voyait" est créé au théâtre de Babylone où a lieu la même année la première mondiale d'En attendant Godot. A tort ou à raison, Roland Dubillard sera un temps rapproché de Beckett et de Ionesco dans le «théâtre de l'absurde». C'est durant les années 60 et 70 que ses plus célèbres pièces seront créées: la Maison d'os, pièce «construite comme une maison» où l'auteur assure «n'avoir dissimulé aucune philosophie», en 1962, un an après Naïves Hirondelles, puis le Jardin aux betteraves en 1969 et «" Où boivent les vaches» en 1972. Son premier recueil poétique, Je dirai que je suis tombé, paraît en 1966, suivi de la Boîte à outils en 1985. Médit