Réglons d'abord ceci qui nous chagrine un peu, ensuite il ne nous
restera plus que des raisons de se réjouir: les éditions Gallimard ont publié, et c'est tout à leur honneur, les trois premiers romans de Philippe Blasband, et elles ont refusé celui-ci, et c'est bien leur droit, sauf que lorsqu'on soutient un auteur et que, de livre en livre, il se montre à la hauteur de son ambition littéraire, on se demande un petit peu. La première raison de se réjouir est la création de cette collection prometteuse au Castor astral, «Escales du Nord», en coédition avec le Centre culturel d'Anderlecht, dirigé par Francis Dannemark. La seconde est que le Livre des Rabinovitch est la réussite d'une entreprise périlleuse, comme le saut du même nom qui ne souffre pas de retomber ailleurs que sur ses pieds. Car, malgré la modestie de son titre, le Livre des Rabinovitch n'est pas un livre, mais plusieurs, quatorze, comme autant de branches à l'arbre généalogique de cette famille, quatorze, comme deux chandeliers à sept branches, puisque les choses qui paraissent simples sont souvent doubles. Philippe Blasband est serein: «Je n'ai rien inventé, cette forme écrite existe, même si ce n'était pas jusque-là une forme littéraire, on trouve souvent dans les familles juives d'Europe centrale ces compilations de témoignages de divers membres d'une même famille réunies par l'un d'eux dans un même cahier, au seul titre d'une mémoire plurielle, j'ai seulement tenté d'en faire un roman.»
Philippe Blasband est