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Pensées en coulisse

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L'éditorialiste du «Nouvel Observateur» Jean Daniel publie ses «Carnets». Retour sur le dernier quart de siècle à travers le regard d'un homme d'influence.
publié le 23 octobre 1998 à 12h27

«Peut-être y a-t-il aussi le sentiment complaisant que je me suis en général un peu moins trompé que les autres»: cette réflexion extraite des «Carnets» de Jean Daniel, à la date du 13 juillet 1988, résume assez bien le personnage. Du moins le personnage public d'un des éditorialistes les plus en vue de la presse française, entré en journalisme par résignation de n'être jamais ni Camus, ni Malraux.

L'orgueilleuse modestie du directeur du Nouvel Observateur, sa susceptibilité, sont des travers que raillent volontiers ses proches et qui ont longtemps prêté aux ricanements réguliers du Canard enchaîné. L'intéressé ne fait rien non plus pour décourager la caricature. Il s'y expose d'autant plus que les quelque 700 pages couvrant au jour le jour un gros quart de siècle, fourmillent d'anecdotes, d'observations, de dialogues écrits au jour le jour, sans forcément le souci de la postérité. Si la part familiale de ce «journal» échappe à toute ironie tant elle est évoquée avec chaleur et pudeur, ses détracteurs ne manqueront pas de faire leur miel de certaines mises en scène de l'auteur par lui-même où la simplicité fait défaut. Quand il est reçu par le pape, c'est à la suite d'un dîner avec son «ami» Pertini, le président italien qui a demandé personnellement cette audience, non sans avoir oublié de décorer son «ami» journaliste entre poire et fromage.

Quand il suit les déplacements officiels des plus hauts personnages de l'Etat, c'est comme invité personnel et non comme journaliste ch